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De l'intérêt des rôles modèles : les filles, les femmes et la science

  • Axelle MOANDA
  • 12 févr. 2024
  • 5 min de lecture

1. Les femmes et moi


J’ai eu la chance de vivre les 17 premières années de ma vie sur une île, aux Antilles. J’ai donc grandi entouré majoritairement de personnes qui me ressemblaient. De fait, j’avais dans mon entourage, des directrices d’école, des professeurs d’enseignement primaire et secondaire, des doctoresses, des fonctionnaires ou encore des proviseures de lycée (oui beaucoup de personnes dans l’enseignement pour savoir pourquoi, lisez l’article sur l’éducation). Des femmes qui « réussissaient dans la vie » comme on dit. Des femmes connues et reconnues pour certaines, appréciées, valorisées.




La première fois que j’ai été en contact avec le sexisme c’était de façon indirect. Ma mère me racontait avoir réussi deux concours de la fonction publique dans sa vingtaine. L’un pour devenir institutrice, l’autre pour devenir cadre à la poste. Elle a choisi l’éducation nationale car « elle n’aurait jamais été accepté en tant que cheffe à la poste » où ses collègues auraient été pour la plupart des hommes plus âgés. Cette certitude a donc impacté sa trajectoire professionnelle. Aujourd’hui, avec le recul dont je dispose, je pense pouvoir affirmer qu’il s’agissait d’un stéréotype lié au genre.


2. Stéréotypes sociaux 


Vous ne voyez pas encore le lien entre les rôles modèles, les femmes et la science ? Vous êtes sûr.e ? Si je vous dis : « de toute façon les femmes sont moins bonnes en mathématiques », « les hommes sont de meilleurs leaders », « les femmes sont plus émotives », « les hommes sont meilleurs en sport mais les femmes sont plus souples »


Voici quelques exemples de ce que j’entends par stéréotype de genre. Et voici le moment (roulement de tambour) des définitions ! les stéréotypes sociaux peuvent être définis comme «un ensemble de représentations ou d’impressions attribués à un individu selon son appartenance à un groupe social » (McGarty et al., 2002). Ces stéréotypes ont de particulier qu’ils peuvent se manifester sous forme de croyances ou de biais personnels dont les gens sont plus ou moins conscients, et qui influencent leurs attitudes.

Les stéréotypes qui sont liés aux filles et aux garçons sont appelés stéréotypes de genre.


3. Les stéréotypes de genre


Maintenant que cela est dit, c’est quoi exactement un stéréotype de genre ? Avant d’aller plus loin, revenons sur la construction des stéréotype en général. Les stéréotypes reposent sur ce qu’on appelle la catégorisation sociale. En gros, notre cerveau traite tous les jours un nombre de plus en plus croissant d’information. Et afin de faciliter ce traitement, il crée des catégories dans lesquels il « range » les gens, les groupes, les situations, les évènements, etc. Mais, notre cher cerveau, ne se contente de pas de ranger tel Marie Kondo. Non, il accentue les ressemblances entre les membres d’un groupe et exagère les différences avec les autres groupes.Je vous ai perdu là ? Oui ? Non ? Oooh on le sait que les hommes sont tous forts, grands, leader, passionnés, nul en cuisine, et que par opposition les femmes sont faibles, sensibles, de bonne exécutante et douée en cuisine.

C’est plus clair ? Je l’espère en tout cas. Je n’avance pas tout cela sans raison, de nombreuses études ont été menées afin de déterminer de façon plus concrète le contenu des stéréotypes de genre.

 

Pour en citer quelques unes :

-  Bem Sex-Role Inventory (1981) menée par Sandra Bem, l’une des pionnières dans son domaine

- Donnelly et Twenge (2017) ont mené une meta-analyse sur l’évolution des caractéristiques associées aux hommes et aux femmes dans le temps. Spoiler alert, leurs résultats sont assez proches de ceux de Bem.

 

4. « Naissance » des stéréotypes de genre

Aaaah l’éducation… si vous avez lu l’article précédent vous savez à quel point ce sujet compte pour moi. Les stéréotypes émergent tôt, très tôt chez les enfants. Toutefois, leur entrée à l’école joue un rôle dans l’intégration de certains d’entre eux. Pour donner un exemple très concret, un été, ma fille avait 3 ans et alors que je voulais lui mettre un short, elle m’a répondu « ah non maman, les shorts c’est pour les garçons » Surprise, je lui ai demandé d’où elle tenait cette idée. C’est ce qu’on lui avait dit à l’école…


De façon plus concrète, de nombreuses recherches ont été menées pendant de nombreuses années tant sur les médias utilisés à l’école (vidéos, livres, etc) que sur les pratiques enseignantes et sur leurs impacts dans la construction et/ou l’alimentation des stéréotypes sociaux et notamment de genre. L’étude de Espinoza et al., 2014 ; Kollmayer et al., 2018 montrent que les membres du corps enseignant attribuent la réussite en mathématiques des filles à l’effort et leur échec à un manque d’aptitude alors que chez les garçons, la réussite est attribuée aux aptitudes et l’échec à un manque d’effort. Ce qui contribuent à construire et à entretenir le stéréotype que les hommes sont meilleurs en mathématiques tant chez les enseignants que chez les élèves.


5.  Dans ces conditions, comment devenir une femme et une fille de sciences ?


La vraie question ne sera pas plus tôt de savoir quel est l’intérêt à ce que les femmes et les filles s’intéressent aux sciences ?

Je peux vous en citer plusieurs :

- L’égalité ; les femmes, les filles ont le droit de suivre les cursus qui leur plaisent et qui retiennent leurs intérêts ;

- La diversité ; varier les points de vue, les regards, les perspectives c’est comme cela qu’on fait avancer la science ;

- La logique ; il y a plus de femmes que d’hommes dans nos sociétés, s’assurer d’une meilleure répartition dans ce secteur, c’est potentiellement s’assurer d’avoir toujours des chercheurs et des chercheuses.


Maintenant que la question est vite répondue, comment faire pour devenir une femme, une fille de science dans un monde où les stéréotypes de genre impactent les parcours scolaires et les études universitaires.

Tout commence dans la famille. En déconstruisant nos propres stéréotypes et croyances limitantes et en encourageant, soutenant, les vocations qui naissent. Ensuite, cela continue à l’école, en formant nos professionnels sur leurs biais cognitifs et en prêtant une attention particulière au matériel que nous utilisons. Mais aussi, en soutenant les élèves qui pourraient penser « ne pas être assez douée » pour suivre une filière scientifique et les empêcher de s’auto-censurer.

Et enfin, en mettant en avant des rôles modèles de façon répétée et régulière, des femmes, des personnalités ayant une carrière dans le domaine scientifique.

Des femmes comme :

Hasnaa Chaabi (Maroc) participe pour sa part à l’amélioration du système éducatif marocain, par la conception d’un modèle spécifique

Neema Mduma (Tanzanie), docteur en sciences et ingénierie de l’information et de la communication

Anamaria Font (Vénézuela) ; physicienne spécialiste de la physique des particules. Elle mène ses recherches à l'Université centrale du Venezuela. En 2023, elle a reçu le Prix L'Oréal-UNESCO pour les femmes et la science.

Tierra Fletcher née Guinn (Amérique) ; ingénieure en aérospatial collaborant avec la NASA

Jane Goodall (Grande-Bretagne) : ethnologue et anthropologue

Sara Seager (Canada) : Astronome et planétologue

Sau Lan Wu (Américaine) : Physicienne des particules

Caroline Quach-Thanh (Canada) ; pédiatre microbiologiste-infectiologue et épidémiologiste

- Kiara Nirghin (Afrique du Sud) ; est une inventrice, scientifique et conférencière, etc…

 

 

 

 

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